Le pilotage à Saint-Pierre-et-Miquelon : interview avec Arnaud Poirier (DGS)
Publié le
30/11/2021
Dernière mise à jour le
21/9/23
4 min
Propos recueillis par Gabriel du Chalard et Océane Conchou.
Petit archipel français de huit îles, totalisant 242 km², Saint-Pierre-et-Miquelon est situé dans l’Atlantique nord à 25km au sud de l’île canadienne de Terre-Neuve. L’archipel est composé de trois îles principales : Saint-Pierre, la plus petite des trois, mais qui abrite 90 % de la population, Miquelon, et Langlade. Avec une population de 5412 habitants, cet ancien département d’outre-mer est devenu une collectivité territoriale d’Outre-mer en 1985. En raison de sa situation géographique particulière, le territoire jouit de compétences inhabituelles (de département, de région, douanes ...), lui donnant un cadre original pour le pilotage des politiques publiques.
Est-ce que vous pourriez vous présenter ainsi que votre parcours dans la territoriale ?
Arnaud Poirier : Je suis ingénieur en génie civil de formation. J'ai débuté dans un bureau d’étude interne dans la ville de Saint-Pierre, commune dans laquelle j’ai évolué en 2006 en tant que directeur général des Services (DGS). Depuis 2012 je suis donc directeur général des Services de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui est un territoire d’Outre-Mer de la République française. Cette collectivité possède toutes les compétences des départements et des régions en métropole à l'exception des compétences liées aux collèges et aux lycées. Le Territoire possède en plus la compétence fiscale et douanière !
Quelle est la spécificité de cette collectivité du fait de son positionnement géographique ?
AP : Saint Pierre et Miquelon est la dernière région que la France a conservée en Amérique du Nord depuis 1713. Ces îles sont connues pour la pêche à la morue et leurs eaux poissonneuses ! La collectivité étant aussi armateur, nous gérons les lignes de ferry avec le Canada et sommes en lien sur les questions de tourisme ou encore de sécurité, y compris numérique. De par la proximité géographique, il y a des interactions avec ce pays, en termes de santé par exemple, pour les évacuations sanitaires qui peuvent se faire en métropole mais aussi beaucoup vers le Canada. De même pour la formation : deux tiers de nos étudiants partent en métropole mais le reste étudie majoritairement au Canada.
Comment évolue la situation économique sur place, et quels sont les secteurs d’activité les plus importants ?
AP : Après le tournant économique de 1992, date à laquelle un moratoire a été imposé par le Canada sur la pêche à la morue, la population a diminué, même si Saint Pierre et Miquelon est resté un territoire européen stratégique. Plus récemment, et grâce aux subventions de l’Etat, le territoire a profité d’une bonne santé économique. Aujourd’hui la population se stabilise à 6000 habitants. Nos principaux chantiers sont liés à des difficultés de recrutement et de logement et cela fait l’objet d’un plan d’action.
Il faut savoir que le principal secteur économique de la collectivité est le secteur public. Il représente à lui seul 40% du PIB du territoire. Les secteurs économiques les plus importants sont les services de l’Etat, le corps enseignant et le secteur de la santé. Aujourd’hui le secteur de la pêche est minime par rapport à 1992, mais on voit se développer un peu d’agriculture, un peu de commerce ou de services.
En termes de budget pour la collectivité, pouvez-vous nous faire un état des lieux et nous donner les grands défis que vous rencontrez ?
AP : Pour parler concrètement du budget de la collectivité territoriale, nous sommes à 80 millions d’euros. Une large part des recettes sont apportées par les impôts locaux et les taxes douanières. Sur ce budget total, les dotations d’Etat sont traditionnellement à un peu moins de 5 millions d’euros et, selon les années, il y a des dotations pour l’investissement. Le budget de l’Etat se retrouve surtout dans les salaires des fonctionnaires.
Comme exemple d’action liée au budget, nous avons récemment mis en place une itinérance simultanée à deux ferries entre Saint-Pierre, Miquelon et le Canada. Il faut s’imaginer qu’avant, on ne pouvait pas voyager dans les deux sens en même temps et avec son véhicule : bref des enjeux de tourisme durable. Notre plus grand défi du moment est d’améliorer la rentabilité du service de transports.
Pourquoi vous êtes-vous doté d’une solution décisionnelle ?
AP : J’ai comme rôle d’optimiser le numérique. Pour moi, nous n'allions pas passer une semaine sur les logiciels financiers pour comprendre les données… On essayait de faire des bilans annuels pour avoir les indicateurs stratégiques mais on ne le faisait qu'une seule fois en fin d’année.
Là, on peut le faire au fil de l’eau. Avec Manty Décision, on se fixe des indicateurs et objectifs avec l'équipe Manty : je ne m'empêcherai jamais de tester une solution aussi innovante pour avoir un gain de temps, sur la mise en relation des logiciels métiers pour croiser les données. Je suis jusqu’ici extrêmement satisfait.
Au niveau du déploiement, on s’est mobilisé d’abord sur les aspects logiciels financiers, et une fois par mois nous regardons les indicateurs pour prendre notre décision… un jeu d’enfant !
Nous sommes en cours de paramétrage avec le logiciel RH, mais le logiciel n’étant pas connu des services de Manty cela prend plus de temps [Manty a développé un nouveau connecteur]. Nous avons finalement aussi décidé de souscrire à un nouveau connecteur pour nos logiciels sociaux, un autre sujet prioritaire pour nous.
Nous utilisons des cookies pour comprendre comment vous interagissez avec notre site. En acceptant, vous consentez à notre utilisation de ces cookies. Politique de confidentialité